Prières - Vertus - Péchés

Prières-Vertus-Péchés

Généralités sur la prière



La prière est une élévation de l’esprit et du coeur vers Dieu pour L’adorer, Le remercier et Lui demander ce dont nous avons besoin.
« Ceux qui prient se sauvent certainement, ceux qui ne prient pas se damnent certainement » (St Alphonse). Il faut prier soir et matin, dans les tentations, les peines et les dangers, pour nous-mêmes, nos parents, nos bienfaiteurs, la Sainte Église, les vivants et les morts.

« Veillez et priez afin de ne pas entrer en tentation, car l’esprit est prompt mais la chair est faible ».
 « Cherchez et vous trouverez, frappez et il vous sera ouvert, demandez et vous recevrez ».
 « Il faut toujours prier et ne jamais se lasser . »
 « Il est un genre de démons qui ne peut se chasser que par le jeûne et par la prière. »
 « Venez à Moi, vous tous qui êtes fatigués et courbés sous le fardeau, et Je vous soulagerai. »
Saint Augustin. « La Prière monte, dit-il, et la miséricorde divine descend. Si basse que soit la terre, si élevé que soit le Ciel, Dieu entend néanmoins la parole de l’homme. »

Les quatre fins de la prière :

 propitiatoire (pour réparer nos péchés),
 impétratoire (pour demander des grâces),
• latreutique (adoration)
eucharistique (action de grâce).

La vie spirituelle d’un bon Catholique :

 prière du matin (avec offrande de la journée),
 prière du soir (avec examen général et particulier : lutte contre le défaut particulier),
le Chapelet (si possible en famille),
 Confession mensuelle,
 Sainte Communion (avec une bonne action de grâce)
 Un sacrifice quotidien.
 Importance de l’oraison pour tous ceux qui veulent une vraie vie intérieure.

On divise la prière en prière mentale et vocale, en prière privée et publique.

 La prière ou oraison mentale est celle qui ne se fait qu’avec l’esprit (de mens : l’esprit);
la prière vocale est celle qui se fait avec des paroles accompagnées de l’attention de l’esprit et de la dévotion du coeur (de vox : la voix). La prière privée est celle que chacun fait en particulier pour soi-même ou pour les autres.
 La prière publique est celle qui est faite par les ministres sacrés, au nom de l’Église et pour le salut du peuple fidèle. On peut aussi appeler publique la prière faite en commun et publiquement par les fidèles, comme dans les processions dans les pèlerinages et dans l’église.

L’espoir d’obtenir de Dieu les grâces dont nous avons besoin est fondé sur les promesses de Dieu, tout-puissant, très miséricordieux et très fidèle, et sur les mérites de Jésus- Christ. Nous devons demander à Dieu les grâces qui nous sont nécessaires au nom de Jésus- Christ, comme Lui-même nous l’a enseigné et selon la pratique de l’Église qui termine toujours ses prières par ces mots : per Dominum nostrum Jesum Christum, c’est-à-dire : par Notre Seigneur Jésus-Christ.

Nous devons demander les grâces au nom de Jésus-Christ, parce qu’il est notre médiateur et que c’est seulement par Lui que nous pouvons avoir accès au trône de Dieu. Bien souvent nos prières ne sont pas exaucées, soit parce que nous demandons des choses qui ne conviennent pas à notre salut éternel, soit parce que nous ne prions pas comme il faut.

Nous devons principalement demander à Dieu Sa gloire, notre salut éternel et les moyens pour y arriver.
Il est permis de demander aussi à Dieu les biens temporels, mais toujours à la condition qu’ils soient conformes à Sa très sainte volonté et qu’ils ne soient pas un empêchement pour notre salut éternel.

Bien que Dieu sache tout ce qui nous est nécessaire, il veut cependant que nous Le priions pour reconnaître que c’est Lui qui donne tous les biens, pour Lui témoigner notre humble soumission et pour mériter Ses faveurs.

La première et la meilleure disposition pour rendre efficaces nos prières est d’être en état de grâce ou, si nous n’y sommes pas, de désirer au moins nous remettre dans cet état.
 Pour bien prier, les dispositions spécialement requises sont le recueillement, l’humilité, la confiance la persévérance et la résignation.

Par la prière, il nous faut penser que nous parlons à Dieu, et, en conséquence, nous devons prier avec tout le respect et la dévotion possible, évitant de notre mieux les distractions, c’est-à-dire toute pensée étrangère à la prière. Les distractions diminuent le mérite de la prière quand c’est nous-mêmes qui les provoquons ou que nous ne les repoussons pas avec empressement. Mais si nous faisons tout notre possible pour être recueillis en Dieu, alors les distractions ne diminuent pas le mérite de notre prière, elles peuvent même l’accroître.

 Il faut prier avec recueillement : nous devons, avant la prière, éloigner toutes les occasions de distractions, et pendant la prière, nous devons penser que nous sommes en la présence de Dieu qui nous voit et nous écoute.
 Il faut prier avec humilité : reconnaître sincèrement notre indignité, notre impuissance et notre misère, accompagnant la prière de l’attitude modeste de notre corps.
 Il faut prier avec confiance : nous devons avoir la ferme espérance d’être exaucés, s’il doit en résulter la gloire de Dieu et notre vrai bien.
 Il faut prier avec confiance : nous ne devons pas nous lasser de prier si Dieu ne nous exauce pas tout de suite, mais que nous devons continuer à prier avec encore plus de ferveur.
 Il faut prier avec résignation : nous conformer à la volonté de Dieu, qui connaît mieux que nous ce qui est nécessaire à notre salut éternel, même dans le cas où nos prières ne seraient pas exaucées.

Dieu exauce toujours les prières bien faites, mais de la manière qu’Il sait être la plus utile à notre salut éternel, et pas toujours selon notre volonté.

 La prière nous fait reconnaître notre dépendance en toutes choses à l’égard de Dieu, le suprême Seigneur, • nous fait penser aux choses célestes,
 nous fait avancer dans la vertu,
 nous obtient de Dieu miséricorde,
 nous fortifie dans les tentations,
 nous réconforte dans les tribulations,
 nous aide dans nos besoins
 et nous obtient la grâce de la persévérance finale.

Nous devons prier spécialement dans les périls, dans les tentations et au moment de la mort ; de plus, nous devons prier fréquemment, et il est bon de le faire matin et soir et au commencement des actions importantes de la journée.

Nous devons prier pour tous ; c’est-à-dire pour nous-mêmes, pour nos parents, supérieurs, bienfaiteurs, amis et ennemis ; pour la conversion des pauvres pécheurs, de ceux qui sont hors de la véritable Église, et pour les âmes saintes du Purgatoire.  

1. L’Oraison Dominicale, ou Notre Père, ou Pater Noster



La prière vocale la plus excellente est celle que Jésus-Christ lui-même nous a enseignée, c’est-à-dire le Pater noster :

parce que c’est Jésus-Christ Lui-même qui l’a composée et qui nous l’a enseignée ;
 parce qu’elle contient clairement en peu de paroles tout ce que nous pouvons espérer de Dieu,
 et parce qu’elle est la règle et le modèle de toutes les autres prières.
 Elle est aussi la prière la plus efficace parce qu’elle est la plus agréable à Dieu, étant composée des paroles mêmes que nous a dictées Son divin Fils.

Le Pater noster est appelé Oraison dominicale, ce qui veut dire prière du Seigneur, précisément parce que c’est Jésus-Christ qui nous l’a enseignée de Sa propre bouche.

Dans le Pater noster il y a sept demandes précédées d’un préambule.
Notre Père, qui êtes aux cieux :

1 Que Votre nom soit sanctifié,
2 Que Votre règne arrive,
3 Que Votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel,
4 Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien,
5 Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés,
6 Et ne nous laissez pas succomber à la tentation,
7 Mais délivrez-nous du mal. Ainsi soit-il.

 

Le Préambule : Notre Père qui êtes aux Cieux

Au commencement de l’Oraison dominicale nous appelons Dieu notre Père pour réveiller notre confiance en son infinie bonté, puisque nous sommes Ses enfants :

 parce qu’il nous a créés à Son image
 et qu’Il nous conserve et nous gouverne par Sa providence,
et parce qu’Il nous a, par une bienveillance spéciale, adoptés dans le Baptême comme les frères de Jésus-Christ et les cohéritiers avec Lui de l’éternelle gloire.

Nous appelons Dieu ” notre Père ” et non pas ” mon Père “, parce que tous nous sommes Ses enfants et que nous devons par suite nous regarder et nous aimer tous comme des frères et prier les uns pour les autres.

Dieu est partout ; mais nous disons : ” Notre Père qui êtes aux Cieux ” pour élever nos cœurs vers le Ciel où Dieu se manifeste dans la gloire à Ses enfants. Saint Jean Chrysostome nous dit en fort bons termes avec quels sentiments du coeur nous devons prononcer le mot « notre ». « Dieu écoute volontiers le Chrétien qui ne prie pas seulement pour lui-même, mais encore pour les autres. Prier pour soi, c’est l’inspiration de la nature, prier pour les autres, c’est l’inspiration de la grâce. En priant pour soi, on obéit à la nécessité, en priant pour les autres, on cède aux exhortations de la charité fraternelle. » Or, ajoute-t-il « La Prière qui vient de la Charité fraternelle est plus agréable à Dieu que celle qui procède de la nécessité. »

Première demande : Que Votre nom soit sanctifié

Dans la première demande, nous demandons que Dieu soit connu, aimé, honoré et servi par tout le monde et par nous en particulier. Nous entendons demander que les infidèles arrivent à la connaissance du vrai Dieu, que les hérétiques reconnaissent leurs erreurs, que les schismatiques reviennent à l’unité de l’Église, que les pécheurs se corrigent et que les justes persévèrent dans le bien.
Avant toute autre chose nous demandons que le nom de Dieu soit sanctifié, parce que la gloire de Dieu doit nous tenir plus à coeur que tous nos biens et avantages. Nous pouvons procurer la gloire de Dieu par la prière, le bon exemple, et en dirigeant vers Lui toutes nos pensées, nos sentiments et nos actions.

 

Seconde demande : Que Votre règne arrive.

Par le règne de Dieu nous entendons un triple règne spirituel, c’est-à-dire

le règne de Dieu en nous ou le règne de la grâce ;
 le règne de Dieu sur la terre, c’est-à-dire la sainte Église catholique,
 et le règne de Dieu dans les Cieux, ou le Paradis.

Ainsi,

par rapport à la grâce nous demandons que Dieu règne en nous par Sa grâce sanctifiante, par laquelle Il se complaît à résider en nous comme un roi dans Son palais, et de nous tenir unis à Lui par les vertus de foi, d’espérance et de charité qui sont le règne de Dieu dans notre intelligence, notre coeur et notre volonté.
 Par rapport à l’Église nous demandons qu’elle s’étende et se propage toujours davantage dans le monde entier pour le salut des hommes.
 Par rapport à la gloire nous demandons de pouvoir être un jour admis dans le saint Paradis pour lequel nous avons été créés et où nous serons pleinement heureux.

 

Troisième demande : Que Votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel

Dans la troisième demande, nous demandons la grâce de faire en toute chose la volonté de Dieu, en obéissant à Ses saints commandements aussi promptement que les anges et les saints Lui obéissent dans le Ciel. Nous demandons encore la grâce de correspondre aux divines inspirations, et de vivre résignés à la volonté de Dieu quand Il nous envoie des tribulations.

Il est aussi nécessaire d’accomplir la volonté de Dieu qu’il est nécessaire d’atteindre le salut éternel, car Jésus-Christ a dit que celui-là seul entrera dans le Royaume des Cieux qui aura fait la volonté de son Père. Nous pouvons connaître la volonté de Dieu spécialement par la voix de l’Église et de nos supérieurs spirituels établis par Dieu pour nous guider dans la voie du salut. Nous pouvons aussi connaître cette très sainte volonté par les divines inspirations et par les circonstances mêmes dans lesquelles le Seigneur nous a placés.
Dans les événements tant heureux que malheureux de notre vie nous devons toujours reconnaître la volonté de Dieu, qui dispose ou permet tout pour notre bien.

 

Quatrième demande : Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien

Dans la quatrième demande, nous demandons à Dieu ce qui nous est nécessaire chaque jour pour l’âme et pour le corps. Pour notre âme nous demandons à Dieu qu’Il entretienne Sa vie spirituelle, c’est-à-dire que nous prions le Seigneur qu’Il nous donne Sa grâce dont nous avons continuellement besoin. La vie de l’âme se nourrit spécialement par l’aliment de la divine parole et par le très saint Sacrement de l’autel. Pour notre corps nous demandons ce qui est nécessaire à l’entretien de la vie temporelle.

Nous disons : donnez-nous aujourd’hui notre pain, et non : donnez-nous aujourd’hui le pain, pour exclure tout désir du bien d’autrui. Nous prions donc le Seigneur qu’Il nous aide dans les gains justes et permis, pour que nous nous procurions notre nourriture par nos fatigues, sans larcin ni fraude.

 Nous disons donnez-nous au lieu de donnez-moi pour nous rappeler que, les biens nous venant de Dieu, s’Il nous en donne en abondance Il le fait pour que nous en donnions le superflu aux pauvres.
 Nous ajoutons quotidien parce que nous devons désirer ce qui nous est nécessaire pour vivre et non pas l’abondance des aliments et des biens de la terre.
Le mot aujourd’hui signifie que nous ne devons pas être trop préoccupés de l’avenir, mais demander ce qui nous est nécessaire pour le moment.

 

Cinquième demande : Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés

Dans la cinquième demande nous demandons à Dieu qu’Il nous pardonne nos péchés, comme nous-mêmes nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Nos péchés sont appelés des dettes parce qu’à cause d’eux, nous devons satisfaire à la divine Justice soit en cette vie le soit en l’autre. Ceux qui ne pardonnent pas au prochain n’ont aucune raison d’espérer que Dieu leur pardonne, d’autant plus qu’ils se condamnent eux-mêmes en disant à Dieu de leur pardonner comme ils pardonnent au prochain.


Sixième demande : Ne nous laissez pas succomber à la tentation

Par la sixième demande nous demandons à Dieu de nous délivrer des tentations, soit en ne permettant pas que nous soyons tentés, soit en nous donnant la grâce de n’être pas vaincus.
La tentation est une excitation au péché qui nous vient soit du démon, soit des méchants, soit de nos passions. Ce n’est pas un péché d’avoir des tentations, mais c’est un péché d’y consentir ou de s’exposer volontairement au danger d’y consentir. Dieu permet que nous soyons tentés pour éprouver notre fidélité, pour faire grandir nos vertus et pour accroître nos mérites. Pour éviter les tentations nous devons fuir les occasions dangereuses, garder nos sens, recevoir souvent les Sacrements et recourir à la prière.


Septième demande : Délivrez nous du mal

Dans la septième demande nous demandons à Dieu qu’Il nous délivre des maux passés, présents et futurs, et spécialement du plus grand de tous les maux qui est le péché et de la damnation éternelle qui en est le châtiment.

Nous disons : délivrez-nous du mal, et non des maux, parce que nous ne devons pas désirer être exempts de tous les maux de cette vie, mais seulement de ceux qui sont nuisibles à notre âme : aussi nous demandons d’être délivrés du mal en général, c’est-à-dire de tout ce que Dieu voit être un mal pour nous. Il est permis de demander d’être délivré de quelque mal en particulier, mais toujours en nous en remettant à la volonté de Dieu qui peut aussi faire tourner cette tribulation à l’avantage de notre âme.
Les tribulations que Dieu nous envoie nous sont utiles pour faire pénitence de nos fautes, pour éprouver nos vertus et surtout pour imiter Jésus-Christ notre chef, à qui il est juste que nous nous conformions dans les souffrances si nous voulons avoir part à Sa gloire.

Amen veut dire : Ainsi soit-il, ainsi je le désire, ainsi je prie le Seigneur et ainsi j’espère. Pour obtenir les grâces demandées dans le Pater noster, il faut le réciter sans hâte, avec attention et avec la dévotion du coeur. Nous devons dire le Pater chaque jour, parce que chaque jour nous avons besoin du secours de Dieu.


Saint Thomas d’Aquin : IIaIIae Q83 a. 9 : Les sept demandes de l’oraison dominicale

L’oraison dominicale est absolument parfaite. La prière du Seigneur non seulement demande tout ce que nous sommes en droit de désirer, mais elle le fait dans l’ordre même où l’on doit le désirer ; si bien qu’elle ne nous enseigne pas seulement à demander, mais à régler tous nos sentiments.
Or il est clair que notre désir porte premièrement sur la fin, et en second lieu sur les moyens de l’atteindre. Notre fin, c’est Dieu, vers Qui le mouvement de notre coeur tend à double titre. Nous voulons Sa gloire, et nous voulons jouir de cette gloire. Il s’agit d’abord de la dilection que nous portons à Dieu Lui-même, et ensuite de celle par quoi nous nous aimons nous-mêmes en Dieu. 

 De là notre première demande : « Que Votre nom soit sanctifié » ; elle exprime notre désir de la gloire de Dieu.
 Et la deuxième : « Que Votre règne arrive » par quoi nous demandons de parvenir à la gloire de Dieu et de Son règne.

Pour atteindre cette fin, il y a deux sortes de moyens. Les uns nous y mènent essentiellement, les autres par accident. Ce qui nous y conduit essentiellement, c’est le bien utile à cette fin bienheureuse.

 D’abord d’une façon directe et principale : tout ce qui sous forme de mérite nous donne droit à la béatitude en nous faisant obéir à Dieu. C’est l’objet de cette demande : « Que Votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel »
 Ensuite nous demandons ce qui nous sert à titre d’instrument et vient en quelque sorte coopérer à notre activité méritoire. C’est à ce propos qu’on dit : « Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien. » Soit qu’on l’entende du Pain sacramentel, dont l’usage quotidien est avantageux pour l’homme, et dans lequel on comprend tous les autres Sacrements. Soit qu’on l’entende du pain corporel, par quoi l’on entend “toutes les nécessités de la vie”, selon S. Augustin. L’Eucharistie est en effet le premier des Sacrements, et le pain est l’aliment fondamental. C’est ce qu’indique le texte de S. Matthieu qui porte “supersubstantiel”, c’est-à-dire “principal” d’après l’exégèse de S. Jérôme.

Par accident, nous sommes ordonnés à la béatitude par ce qui écarte les obstacles. Ceux-ci sont au nombre de trois.

1° Le péché, qui nous exclut directement du Royaume selon S. Paul (1 Co 6, 9) : « Ni les fornicateurs, ni ceux qui servent les idoles ne posséderont le royaume de Dieu. » Ce qui nous fait dire : « Remettez-nous nos dettes. »
2° La tentation, qui nous empêche de respecter la volonté Divine. D’où cette demande : « Ne nous faites pas entrer en tentation », par quoi nous demandons non de n’être pas tentés, mais de n’être pas vaincus par la tentation, ce qui est “entrer” en tentation.
3° Les peines de la vie présente, comme celles qui empêchent d’avoir le suffisant pour vivre. A ce sujet l’on dit : « Délivrez-nous du mal.
»

Nous excitons en nous le désir de ce règne : qu’Il vienne pour nous et que nous puissions y régner. Quant à ces paroles : « Que Votre volonté soit faite », elles signifient, à juste titre, qu’on obéisse à Ses commandements « sur la terre comme au Ciel », c’est-à-dire aussi bien de la part des hommes que des anges. Ces trois demandes seront parfaitement accomplies dans la vie future. Les quatre autres sont relatives aux besoins de la vie présente.

Si la crainte de Dieu rend heureux les pauvres en esprit, demandons que les hommes aient le sentiment de la sainteté du nom Divin, dans la crainte filiale.
 Si la piété rend heureux les doux, demandons l’avènement de Son règne, car alors nous serons doux et ne lui résisterons pas.
 Si la science rend heureux ceux qui pleurent : prions pour que s’accomplisse Sa volonté, car alors nous ne pleurerons plus.
 Si la force rend heureux les affamés, demandons que notre pain quotidien nous soit donné.
 Si le conseil rend heureux ceux qui font miséricorde, remettons les dettes pour que les nôtres nous soient remises.
Si l’intelligence rend heureux les cœurs purs, prions pour n’avoir pas un coeur double, qui nous fait poursuivre les biens temporels, source de toutes nos tentations. 90 • Si la sagesse rend heureux les artisans de paix, parce qu’ils seront appelés fils de Dieu, prions pour être délivrés du mal, car cette libération fera de nous les libres fils de Dieu.  

La Salutation Angélique ou Ave Maria

L’Ave Maria est appelé Salutation angélique parce qu’il commence par le salut que l’archange Gabriel adressa à la Vierge Marie. Les paroles de l’Ave Maria sont :

en partie de l’archange Gabriel (qui annonce à Marie le mystère de l’Incarnation qui doit s’opérer en elle) : Je vous salue, (le mot Marie a été rajouté par l’Église), pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes.
 en partie de sainte Élisabeth (qui bénit Dieu de nous avoir donné Jésus-Christ par Marie) : Vous êtes bénie entre toutes les femmes et le fruit de votre sein est béni
en partie de l’Église : Sainte Marie Mère de Dieu

La Très Sainte Vierge est notre Avocate la plus puissante auprès de Jésus-Christ. Aussi, après avoir dit la prière que nous a enseignée Jésus-Christ, nous prions la Très Sainte Vierge de nous obtenir les grâces que nous avons demandées. La Très Sainte Vierge est si puissante parce qu’elle est la Mère de Dieu et qu’il est impossible qu’Il ne l’exauce pas.

Au sujet de la dévotion à Marie, les Saints nous enseignent que ses vrais dévots sont aimés d’elle, qu’elle les protège avec l’amour de la plus tendre des Mères et que par elle ils sont certains de trouver Jésus et d’obtenir le Paradis. La dévotion que l’Église recommande d’une façon toute spéciale en l’honneur de la Très Sainte Vierge est la récitation du saint Rosaire

L’invocation des Saints

Il est très utile de prier les Saints et tout chrétien doit le faire. Nous devons prier particulièrement nos Anges Gardiens, saint Joseph, patron de l’Église, les saints Apôtres, les Saints dont nous portons le nom et les Saints Protecteurs du diocèse et de la paroisse.

Entre les prières que nous adressons à Dieu et celles que nous adressons aux Saints, il y a cette différence que nous prions Dieu afin que, comme auteur des grâces, Il nous donne les biens et nous délivre des maux, et nous prions les Saints afin qu’ils intercèdent pour nous comme nos avocats auprès de Dieu. Quand nous disons qu’un Saint nous a fait une grâce, nous voulons dire que ce Saint l’a obtenue de Dieu.

 

2. La Grâce


 

La Grâce de Dieu est un don intérieur surnaturel, qui nous est donné sans aucun mérite de notre part, mais par les mérites de Jésus-Christ, en vue de la vie éternelle. « Sans Moi, vous ne pouvez rien faire ». Nous pouvons résister à la grâce de Dieu, car elle ne détruit pas notre libre arbitre. Sans le secours de la grâce de Dieu, par nos seules forces, nous ne pouvons rien faire pour la vie éternelle.

La Grâce Sanctifiante, ou Grâce Habituelle (ou Charité), est l’habitation dans nos âmes de la Très Sainte Trinité. C’est un don surnaturel inhérent à notre âme, qui nous rend justes, enfants adoptifs de Dieu et héritiers du Paradis. L’état de Grâce Sanctifiante nous est donné par le Baptême, est perdu par le péché mortel, et retrouvé par une bonne confession, le martyre, ou un acte de contrition parfaite (regretter ses péchés par pur amour de Dieu).

Il y a deux sortes de grâce sanctifiante : la grâce première et la grâce seconde.

– La grâce sanctifiante première est celle par laquelle l’homme passe de l’état de péché mortel à l’état de justice.
– La grâce sanctifiante seconde est un accroissement de la grâce première.

La Grâce actuelle est un don surnaturel qui illumine notre esprit, meut et fortifie notre volonté, pour que nous fassions le bien et évitions le mal. Dieu nous donne Sa Grâce par la prière et les Sacrements. Si notre volonté est droite, Il ne permettra pas que nous soyons tentés au-delà de nos forces.

Dieu nous communique la grâce principalement par le moyen des Sacrements. Outre la grâce sanctifiante, les Sacrements confèrent aussi la grâce sacramentelle. La grâce sacramentelle consiste dans le droit qu’on acquiert en recevant un Sacrement quelconque, d’avoir, en temps opportun, les grâces actuelles nécessaires pour remplir les obligations qui dérivent du Sacrement reçu.

Ainsi, lorsque nous avons été baptisés, nous avons reçu le droit d’avoir les grâces nécessaires pour vivre chrétiennement. Les Sacrements donnent toujours la grâce pourvu qu’on les reçoive avec les dispositions nécessaires. C’est Jésus-Christ qui, par Sa passion et Sa mort, a donné aux Sacrements la vertu de conférer la grâce.

Enseignement de saint Thomas d’Aquin sur la grâce (IaIIae Q109)

Dans l’état de nature corrompue, l’homme est impuissant, même en ce qui regarde sa nature, et il ne peut, par ses seules forces naturelles, accomplir tout le bien qui lui est proportionné.
 Dans l’état de nature corrompue, l’homme a besoin d’une vertu surajoutée à un double titre : d’abord pour être guéri ; ensuite pour accomplir le bien surnaturel, lequel est le bien méritoire ; enfin l’homme a besoin du secours de la grâce qui vient guérir la nature pour aimer Dieu naturellement par-dessus tout. L’homme ne peut observer tous les préceptes divins sans la grâce qui vient guérir la nature.
 Sous ce rapport, que ce soit dans l’état de nature intègre ou de nature corrompue, l’homme est incapable, sans la grâce, d’observer les préceptes de la loi. C’est pourquoi l’homme ne peut, par ses seules forces naturelles, produire des œuvres méritoires qui soient proportionnées à la vie éternelle ; il lui faut nécessairement pour cela une efficacité supérieure, qui est celle de la grâce. L’homme ne peut donc, sans la grâce, mériter la vie éternelle.
 Pour observer les préceptes de la loi selon le mode requis qui rend méritoire leur observation, il faut la grâce. « Personne ne peut venir à Moi si le Père qui M’a envoyé ne l’attire. » Mais si l’homme pouvait se préparer lui-même à la grâce, il n’aurait pas besoin d’y être attiré par un autre. C’est donc qu’il ne peut le faire sans le secours de la grâce.
L’homme ne peut se préparer à recevoir la lumière de la grâce sans un secours gratuit de Dieu exerçant sur lui sa motion intérieure. L’homme ne peut par lui-même être justifié, c’est-à-dire passer de l’état de péché à l’état de justice. Fût-il pleinement justifié, il ne peut vivre bien s’il n’est aidé par l’éternelle lumière de la justice divine. L’homme en état de grâce a donc besoin, pour bien vivre dans la rectitude, d’un autre secours de grâce.
 Dans l’état de nature corrompue, l’homme, pour s’abstenir entièrement du péché, a besoin que la grâce habituelle vienne guérir la nature. Certes, dans cet état, l’homme peut éviter le péché mortel qui relève de la raison, mais il ne peut éviter tout péché véniel, à cause de la corruption de l’appétit inférieur et sensible.

 L’homme en état de grâce a besoin que la persévérance lui soit accordée par Dieu. C’est pourquoi, après avoir été justifié par la grâce, il est nécessaire que l’homme demande à Dieu le don de la persévérance, afin d’être préservé du mal jusqu’à la fin de sa vie.  

3. Le Péché


 

Le péché est une transgression volontaire de la Loi de Dieu, aversio a Deo, conversio ad creaturas.

Commettre un péché mortel est le plus grand malheur qui puisse nous arriver : nous recrucifions alors Notre Seigneur Jésus-Christ sur l’autel de notre âme. Le péché est le mal par excellence, la lèpre de notre âme. La pensée qui nous tient le plus éloigné du péché est la contemplation de nos fins dernières.

Plus l’autorité est grande, plus la désobéissance est grave ; donc désobéir à Dieu est plus grave que de désobéir aux hommes. Pécher n’est autre chose que négliger les réalités éternelles pour s’attacher aux réalités temporelles. Toute la perversité humaine consiste à se servir de ce dont on devrait jouir, et à jouir de ce dont on devrait se servir.
Le bien de l’homme est de se conformer à la raison, et son mal est de s’en écarter. De même que le péché consiste en ce que l’homme, en méprisant Dieu, s’attache aux biens périssables, ainsi le mérite de l’acte vertueux consiste au contraire en ce que l’homme, en méprisant les biens créés, s’attache à Dieu.

Il y a deux sortes de péché :

Le péché originel : qui souille la nature de tous les hommes (sauf NS et ND). Le péché originel est celui avec lequel nous naissons tous et que nous avons contracté par la désobéissance de notre premier père Adam. Les torts causés par le péché d’Adam sont : la privation de la grâce, la perte du paradis, l’ignorance, l’inclination au mal, la mort et toutes les autres misères. Le péché originel est effacé par le Baptême.

 Le péché actuel : Le péché actuel est celui que l’homme, arrivé à l’usage de la raison, commet par sa libre volonté. Il est volontaire, et sera mortel ou véniel.


Péché mortel

Le péché mortel est une désobéissance à la loi divine par laquelle on manque gravement à ses devoirs envers Dieu, envers le prochain et envers soi-même. On l’appelle mortel parce qu’il donne la mort à l’âme en lui faisant perdre la grâce sanctifiante qui est la vie de l’âme, comme l’âme est la vie du corps.
Lorsqu’une âme est déréglée par le péché jusqu’à être détournée de sa fin ultime, c’est-à-dire de Dieu, à qui nous sommes unis par la charité, alors la faute est mortelle ; au contraire, quand le désordre se produit en deçà de cette séparation d’avec Dieu, alors la faute est vénielle.
Pareillement, en matière d’action, celui qui en péchant se détourne de la fin ultime, par la nature de son péché, fait une chute irréparable, et c’est pourquoi l’on dit qu’il pèche mortellement et qu’il aura à expier éternellement.
Quiconque meurt en état de péché mortel tombe en enfer. Le péché mortel est effacé par le Baptême, un acte de contrition parfaite, le martyre ou une bonne confession. Il y a un péché réservé : fausse accusation du confesseur en matière d’impureté.
Lorsque le péché mortel n’est pas combattu, il devient un vice. Le vice est une mauvaise disposition de l’âme qui la porte à fuir le bien et à faire le mal, et qui est causée par la fréquente répétition d’actes mauvais. Entre un péché et un vice il y a cette différence que le péché est un acte qui passe, tandis que le vice est la mauvaise habitude qu’on a contractée de tomber en quelque péché.

Les conditions du péché mortel :

 Il y a matière grave (la chose est sérieuse),
 j’ai la pleine connaissance de ce que je fais (je sais que c’est grave et interdit par Dieu sous peine de péché mortel),
 je donne le plein consentement de ma volonté (je le fais quand même).


Le péché mortel qui est une violation de la Loi Divine :

 prive l’âme de la grâce et de l’amitié de Dieu ;
 lui fait perdre le Paradis ;
 la prive des mérites acquis et la rend incapable d’en acquérir de nouveaux ;
 la rend esclave du démon ;
 lui fait mériter l’enfer et aussi les châtiments de cette vie.


Péché véniel

Le péché véniel est une désobéissance légère à la loi divine par laquelle on ne manque que légèrement à quelque devoir envers Dieu, envers le prochain, et envers soi-même. Il est léger comparé au péché mortel car il ne nous fait pas perdre la grâce divine et Dieu le pardonne facilement.
Ce serait une très grande erreur que de croire que le péché véniel n’a pas d’importance parce que le péché véniel contient toujours une certaine offense de Dieu, et qu’il cause des torts assez graves à l’âme. Malheur à celui qui accepte le péché véniel délibéré. Celui qui pèche en deçà de la séparation d’avec Dieu est dans un désordre que la nature même du péché rend réparable parce que le principe est sauf ; aussi assure-t-on que celui-ci pèche véniellement, ce qui revient à dire qu’il n’est pas coupable au point de mériter une peine interminable.

Le péché véniel :

 affaiblit et refroidit en nous la charité ;
 nous dispose au péché mortel ;
 nous rend dignes de grandes peines temporelles en ce monde ou en l’autre.

On peut pécher par pensée, parole, omission (scandale indirect) ou action. La tentation n’est pas un péché tant qu’on n’y consent pas. Il faut éviter le péché et toutes les occasions qui y conduisent.

Importance du double examen de conscience et de l’acte de contrition : « Mon Dieu, j’ai un très grand regret de Vous avoir offensé parce que Vous êtes infiniment bon, infiniment aimable et que le péché Vous déplaît. Je prends la ferme résolution avec le secours de Votre sainte grâce, de ne plus Vous offenser et de faire pénitence ».

Voir aussi la liste des principales excommunications.

Réservées au Pape :

• profanation des Saintes Espèces,
• attentat physique sur le Pape,
• absolution du complice en matière d’impureté,
• viol direct du secret de confession,
• viol du secret du Saint Office,
• consécration épiscopale sans mandat pontifical,
• apostats, hérétiques et schismatiques.
• édition ou lecture de livres promouvant l’apostasie
• simonie • appartenance à la franc maçonnerie ou à des sectes anti-Catholiques

Réservées à l’Ordinaire :

• Mariage pour un Catholique devant ministre non-Catholique,
• pacte d’éduquer les enfants hors de la religion Catholique,
• avortement suivi de la mort de l’enfant (si connaissance de l’excommunication)


Les 7 péchés capitaux

Ce ne sont pas toujours les péchés mortels, mais ils sont appelés capitaux car ils sont la source ou la tête (« caput » en latin) d’innombrables autres péchés : Orgueil, Avarice, Luxure, Envie, Gourmandise, Colère, Paresse.
On triomphe des vices capitaux par l’exercice des vertus opposées. Ainsi on triomphe de l’orgueil par l’humilité, de l’avarice par la libéralité, de la luxure par la chasteté, de la colère par la patience, de la gourmandise par l’abstinence, de l’envie par l’amour fraternel, de la paresse par la diligence et l’ardeur dans le service de Dieu.

Les 6 péchés contre le Saint-Esprit

Ils rendent la conversion impossible tant qu’on reste dans cette situation morale. On dit que ces péchés sont en particulier contre le Saint-Esprit parce qu’ils sont commis par pure malice, ce qui est contraire à la bonté, attribuée au Saint-Esprit.

Désespérer de son salut
Prétendre être sauvé sans mérite
Combattre la vérité connue
Porter envie aux Grâces d’autrui
S’obstiner dans le péché
Mourir dans l’impénitence finale

Les 4 péchés qui crient vengeance devant la face de Dieu.

Ces péchés crient vengeance devant la face de Dieu, parce que l’Esprit Saint le dit, et parce que leur iniquité est si grave et si manifeste qu’elle provoque Dieu à les punir des plus sévères châtiments.

Le meurtre de l’innocent (avortement)
 La sodomie (homosexualité)
 L’oppression des pauvres
 Le refus du juste salaire aux ouvriers  

4. Les Vertus


 

Habitus operativus bonus. Inclination à désirer le bien et toujours faire ce qui plaît à Dieu. C’est une qualité que Dieu infuse dans l’âme et par laquelle on a de l’inclination, de la facilité et de la promptitude à connaître et à faire le bien par rapport à la Vie éternelle.

Les vertus théologales (centrées sur Dieu).
Elles sont au nombre de trois : Foi pour croire, Espérance pour prier, Charité pour obéir et aimer Dieu.

La FOI est une vertu surnaturelle infuse dans notre âme, par laquelle, appuyés sur l’autorité de Dieu, nous tenons pour vrai tout ce qu’Il nous a révélé et qu’Il propose à notre croyance par le moyen de Son Église.

 Acte de Foi : Mon Dieu, je crois fermement toutes les vérités que Vous nous avez révélées, et que Vous nous enseignez par Votre Église, parce que Vous ne pouvez ni Vous trompez ni nous tromper.
 Nous péchons contre la Foi en mettant volontairement en doute une vérité révélée, en ayant honte de notre Foi Catholique ou en exposant notre Foi au danger (mauvaises lectures et mauvaises compagnies). Voir les péchés contre le 1er Commandement. Dieu nous demande de croire, pas d’aimer chaque point des dogmes.

L’ESPERANCE est une vertu surnaturelle, infuse dans notre âme, par laquelle nous désirons et nous attendons la Vie Éternelle promise par Dieu à ceux qui Le servent, et les secours nécessaires pour l’obtenir.

 Acte d’Espérance : Mon Dieu, j’espère avec une ferme confiance que Vous me donnerez, par les mérites de Jésus-Christ, Votre Grâce en ce monde, et si j’observe Vos Commandements, le bonheur éternel dans l’autre, parce que Vous l’avez promis et que Vous êtes fidèle dans Vos promesses.
 Nous péchons contre l’Espérance surtout dans le péché de désespoir. C’est le péché le plus dangereux.

La CHARITE est une vertu surnaturelle, infuse dans notre âme, par laquelle nous aimons Dieu pour Lui-même par-dessus toutes choses, et le prochain comme nous-même pour l’amour de Dieu.

 Acte de Charité : Mon Dieu, je Vous aime de tout mon coeur, et par-dessus toutes choses, parce que Vous êtes infiniment bon et infiniment aimable, et j’aime mon prochain comme moi-même pour l’amour de Vous.
Nous péchons contre la Charité surtout en ne suivant par les Commandements de Dieu, par faux oecuménisme, en prétendant que toutes les religions se valent ou qu’il y a des valeurs de salut dans toutes les religions. Voir 1 Cor 13. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés – Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous persécutent et cous calomnient – Tout ce que vous avez fait au plus petit d’entre Mes frères, c’est à Moi que vous l’avez fait ».


Les 7 œuvres de miséricorde spirituelle

Conseiller ceux qui en ont besoin
Instruire les ignorants
 Convertir les pécheurs
 Consoler les affligés
 Pardonner les offenses
 Supporter patiemment les offenses
 Prier pour les vivants et les morts

Les 7 œuvres de miséricorde corporelle

 Donner à manger à ceux qui ont faim
 Donner à boire à ceux qui ont soif
 Vêtir ceux qui sont nus
 Abriter les sans abris
 Visiter les malades
 Visiter les prisonniers
 Ensevelir les morts

Les vertus cardinales (pour nous aider dans nos relations avec le prochain. Se situent toujours entre deux excès).

 La PRUDENCE, contre l’ignorance dans l’intelligence, cocher des vertus, qui nous fait choisir le meilleur chemin pour sauver notre âme, dirige et équilibre toutes les vertus cardinales et morales.
 La JUSTICE, contre la malice de la volonté, nous fait rendre à chacun ce qui lui est dû.
 La FORCE, contre la faiblesse dans l’irascible (agredi et sustinere), nous aide à surmonter les obstacles que nous rencontrons dans la pratique de notre devoir d’état.
 La TEMPERANCE, contre la concupiscence dans le concupiscible (des yeux par la pauvreté, de l’orgueil par l’obéissance, de la chair par la chasteté), nous enseigne la modération dans les plaisirs des sens (chair, nourriture, boisson) et dans l’usage des biens temporels.

Les vertus morales, surtout l’humilité (racine de toutes les vertus), la gentillesse, la générosité, la chasteté, la sobriété, l’esprit de pénitence…

Les vertus naturelles ne valent rien pour le Ciel. Quelqu’un peut en effet vivre en état de péché mortel et en même temps avoir une certaine bonté ou justice naturelles. Cependant, Dieu en tient compte pour donner des grâces de conversion et pour accorder des biens temporels, car Il ne laissera pas un verre d’eau donné à un pauvre sans récompense.

Les grâces et les vertus nous aident à pratiquer notre devoir d’état, qui est notre moyen normal de sanctification. Mais les grâces et les vertus surnaturelles disparaissent si nous tombons dans le péché mortel (sauf la Foi et l’Espérance qui demeurent, mais d’une façon imparfaite, informe). Un mauvais Catholique est meilleur, en soi, qu’un « bon » protestant.  

 

5. Les Vertus de Religion selon Saint Thomas d’Aquin


 

(IIaIIae, 81 – 85)

De la Religion

Le mot religion dénote une relation avec Dieu : c’est une vertu qui nous fait rendre à Dieu l’honneur et la révérence dus (c’est un acte du don de crainte de Dieu). Cette vertu de religion commande toutes les vertus. Elle est une vertu morale qui va faire l’équilibre entre le trop et le trop peu (on peut pratiquer la vertu de religion de façon inconsidérée, selon les circonstances) pour tout ce qui réfère à la fin (et non pas une vertu intellectuelle qui considère la vérité en tant que telle : art, prudence, science, sagesse, intelligence). Les vertus théologales causent l’acte de la religion.

Elle est une partie de la vertu morale de justice qui établit une sorte d’égalité dans les actions dirigées vers Dieu (mais on ne peut rendre à Dieu ce qu’on Lui doit). Ainsi, la vertu de religion est la première des vertus morales car elle s’approche le plus de Dieu. Nous offrons ainsi quelque chose à Dieu pour Sa gloire ou pour notre bien. Du moment que c’est fait volontairement, c’est méritoire, même si c’était obligatoire. Par le seul fait que nous L’adorons, nous Lui soumettons notre esprit et notre corps (les choses corporelles sont offertes à Dieu comme signes des œuvres internes et spirituelles (Signe visible d’une grâce invisible). Religion et sainteté sont donc identiques : sans pureté, l’esprit ne peut s’appliquer aux choses Divines. C’est par la sainteté que l’esprit humain s’applique aux choses de Dieu.

Re-legere : relire fréquemment ce qui a trait à l’adoration Divine.
 Re-eligere : rechercher ce Dieu que nous avons perdu par négligence ; Il est notre fin dernière. Si nous L’avons perdu par le péché, il faut Le retrouver en croyant en Lui et en Le confessant, pour Le re-choisir de nouveau.
 Re-ligare : lien avec Dieu, avec Lequel nous devons être uni comme à notre principe inamovible.

De la Dévotion

La dévotion consiste à se vouer totalement à Dieu. L’amour Divin produit l’extase, car il prend l’aimant hors de lui-même pour le donner à l’aimé. La charité est le principe de la religion ; par son intermédiaire, la religion pousse l’homme à se donner à Dieu pour certaines œuvres d’adoration. La méditation, ou la contemplation, est la cause de la dévotion. C’est par la méditation que l’homme conçoit l’idée de se mettre au service de Dieu, d’abord en considérant Sa bonté et Son amoureuse douceur (cette considération va éveiller la dilection, l’amour), puis en considérant ses propres défaillances humaines qui l’obligent à s’appuyer sur Dieu (il évite ainsi la présomption de compter sur ses propres forces).

La considération de matières étrangères est une distraction qui va gêner la dévotion. La considération de la Divinité devrait être la première cause de la dévotion, car Dieu est souverainement aimable. Mais à cause de la faiblesse de notre esprit qui a besoin d’un guide dans la connaissance et dans l’amour des choses Divines, Dieu utilise des choses sensibles, et en tout premier lieu l’Humanité du Christ. A cause de cela, les choses relatives à l’Humanité du Christ nous conduiront plus facilement à la dévotion.

La science et tout ce qui conduit à la grandeur humaine sont pour l’homme des occasions de confiance en lui-même, ce qui l’empêche de se donner totalement à Dieu. Au contraire, chez les âmes simples et les femmes qui ont réprimé l’orgueil, la dévotion abondera. Mais si l’homme soumet à Dieu sa science, il augmentera en dévotion. L’effet direct et principal de la dévotion est la joie spirituelle de l’âme, et la douleur selon Dieu son effet secondaire et indirect (2 Cor, VII, 10 : « La tristesse selon Dieu produit un repentir salutaire, qu’on ne regrette jamais, alors que la tristesse du monde produit la mort »). En considérant la bonté Divine, l’âme conçoit d’abord de la joie, puis de la douleur (car elle ne possède pas encore parfaitement Dieu) ; mais en considérant les faiblesses de sa 98 nature, l’homme conçoit d’abord de la douleur, puis de la joie (car il compte sur l’assistance Divine).

De la Prière

Par la prière, nous dévoilons notre esprit en la présence de Dieu ; en quelque sorte, il se présente à Lui. Il nous faut prier sans cesse et ne jamais se lasser. Par la prière, l’homme ne change pas les dispositions Divines, mais accomplit certains effets selon l’ordre des dispositions Divines. Car Dieu a prévu que certaines choses ne seraient accordées par Lui que si nous les Lui demandions par la prière, avec confiance, en Le reconnaissant comme l’auteur de tous les biens. Par la prière, l’homme montre sa révérence envers Dieu en se soumettant à Lui, et il confesse qu’il a besoin de Lui comme l’auteur de nos biens. Après la dévotion qui appartient à la volonté, la prière (qui appartient à l’intelligence) est le premier acte de la vertu de religion qui dirige l’intelligence vers Dieu. Désirer dépend de la charité, alors que demander dépend de la religion.

Nous prions Dieu directement, qui seul peut donner grâce et gloire, mais indirectement les Saints et les hommes pour que nos prières deviennent effectives à travers leurs prières et mérites. On peut prier pour tout ce qu’on peut licitement désirer (ainsi les biens temporels peuvent être demandés comme instruments pour faire des actes vertueux).

Il nous faut aimer nos ennemis dans leur nature, et non pas dans leurs péchés. D’aimer nos ennemis en général est de précepte, tandis que les aimer en particulier relève de la perfection (sauf per accidens dans des cas particuliers). On a le droit d’attaquer ses ennemis pour les refréner dans leurs actions mauvaises ; on peut aussi prier pour qu’il leur advienne des maux temporels, afin qu’ils se convertissent.

 Crainte de Dieu – Bienheureux les pauvres en esprit – Que Votre Nom soit sanctifié.
Piété – Bienheureux les doux – Que Votre règne arrive.
 Science – Bienheureux ceux qui pleurent – Que Votre volonté soit faite.
Force – Bienheureux ceux qui ont faim et soif – Donnez-nous notre pain.
 Conseil – Bienheureux les miséricordieux – Pardonnez-nous nos offenses.
 Intelligence – Bienheureux les cœurs purs – Ne nous laissez pas succomber à la tentation.
 Sagesse – Bienheureux les artisans de paix – Délivrez-nous du mal.

Dans le “Notre Père”, les demandes correspondent à l’ordre de désir ou d’intention; ainsi la fin précède les choses qui sont dirigées vers la fin et l’obtention du bien précède l’enlèvement du mal. Plus la charité des saints au Ciel est grande, plus ils prient pour nous. Les âmes du Purgatoire ne sont pas en état de prier pour nous, mais au contraire demandent nos prières. Elles sont au dessus de nous en raison de leur impeccabilité, mais au dessous de nous en raison des peines qu’elles souffrent.

Quand nous prions, il faut éviter d’attirer l’attention des gens, en criant, en frappant ouvertement sa poitrine, en étendant les mains pour être vus par les autres. La prière est une ascension de l’esprit vers Dieu. Dieu n’écoute pas la prière de ceux qui n’y prête pas d’attention. Au contraire, les distractions involontaires ne privent pas les prières de leurs fruits. C’est la charité qui doit nous faire prier. Mais la prière est un acte de la vertu de religion. Celui qui prie Dieu avec fidélité pour les besoins de cette vie est entendu avec miséricorde, et rejeté aussi avec miséricorde. Car le médecin connaît mieux que le malade ce qui est bon pour la maladie.

Pour être écouté, il faut demander :

 pour soi-même,
 des choses nécessaires pour le salut,
 avec piété,
 et avec persévérance.

La prière dépend d’abord de la foi, non pas pour son efficacité en matière de mérite (ce qui regarde la charité), mais pour son efficacité dans la demande, parce que c’est par la foi que l’homme connaît la toute puissance et la miséricorde de Dieu, qui sont les sources de notre prière de demande. Dieu écoute la prière légitime du pécheur non par justice, mais par pure miséricorde.

De l’Adoration et du Sacrifice

L’adoration par laquelle nous adorons Dieu est aussi un acte de la vertu de religion. Il est naturel que nous procédions du sensible vers l’intelligible : nous Lui adressons donc une adoration charnelle (humiliation extérieure du corps) et une adoration spirituelle. On adore dans des places consacrées pour augmenter notre dévotion, à cause des sacrés mystères qui y sont célébrés, et à cause de la multitude : « Quand deux ou trois sont rassemblés en Mon nom, Je suis milieu d’eux ».

Par le sacrifice, nous offrons à Dieu des choses sensibles comme signes de soumission et d’honneur. Mais le sacrifice extérieur représente toujours le sacrifice intérieur. Nous devons sacrifier les trois biens de l’homme : – les biens de l’âme : c’est la dévotion et la prière ; – les biens du corps : le martyre, la continence, l’abstinence ; – les biens extérieurs : par la pauvreté, la charité dans la partage de nos biens.  

 

6. La Vie Spirituelle


 

La vie intérieure est la perfection de la vie surnaturelle ; c’est l’union habituelle et intime avec Dieu possédé par la grâce sanctifiante, pour faire de cette vie intérieure l’âme de son activité extérieure. Nous serons donc jugés à notre degré de vie surnaturelle.

L’étude de la vie intérieure est nécessaire :

comme homme : c’est le principe et fondement ;
 comme Catholique : pour conserver et cultiver la vie surnaturelle reçue au Baptême ;
 comme Prêtre : car tenu de tendre vers la perfection de la vie surnaturelle, afin de pouvoir la communiquer autour de lui, car personne ne peut donner ce qu’il n’a pas.. Un Prêtre sans vie intérieure est un monstre dans l’ordre de la grâce ! Cette vie intérieure doit être le contrepoids pour contre balancer l’abandon de certaines observances monastiques, abandon exigé par l’apostolat.


I : Nature de la vie surnaturelle

Les éléments constitutifs de la vie surnaturelle

Qui dit surnature dit au-dessus de nos forces. La perfection absolument surnaturelle appartient en propre à la nature Divine. Dieu veut une fin surnaturelle pour l’homme : vie de la grâce, vie de gloire, qui associe l’homme à la Vie et à la Béatitude éternelles de Dieu. Ceci est déjà possible de façon imparfaite ici-bas. « O Dieu, qui avez créé l’homme dans la grandeur et l’y avez rétabli d’une manière plus admirable encore » (Offertoire de la sainte Messe).

 Avant la chute : Dieu crée l’homme avec une vie surnaturelle et 4 dons préternaturels (impassibilité, immortalité, intégrité, science infuse) pour une destinée surnaturelle.
 Péché Originel : perte de la grâce sanctifiante, triple concupiscence, souffrance et mort.
 Nature restaurée : 4 blessures (ignorance, faiblesse, concupiscence et malice).

1. yeux, pauvreté, espérance, destruction de l’harmonie entre l’homme et les créatures ;
2. chair, chasteté, charité, destruction de l’harmonie entre le corps et l’âme ;
3. orgueil, obéissance, foi, destruction de l’harmonie entre Dieu et l’âme.

La vie surnaturelle entraîne deux choses :

la présence Divine de complaisance et d’intimité dans l’âme ;
 la transformation de l’âme par l’action sanctifiante de Dieu.

La vie naturelle est le principe de la vie humaine, par l’union du corps et de l’âme. La vie surnaturelle est le principe de la vie Divine, par l’union de Dieu et de notre âme : c’est une complaisance (cum placere) et une étroite union :

 « Si quelqu’un M’aime, Mon Père l’aimera, nous viendrons à Lui, et nous ferons chez lui Notre demeure » (Jn XIV, 23).
 « Dieu est charité : qui demeure dans la charité demeure en Dieu, et Dieu en lui » (1 Jn, IV, 13).
« Vous êtes le temple du Dieu vivant » (2 Cor VI, 16).

La présence de Dieu dans l’âme est sanctifiante et Déifiante : nous participons à la nature Divine et même à la vie trinitaire, devenons capable un jour de partager Sa béatitude au Ciel. Pour cela, Dieu utilise à la fois la grâce sanctifiante et la couronne de la grâce : les vertus infuses, les dons du Saint-Esprit et les grâces actuelles.


La grâce sanctifiante

C’est l’habitation habituelle de la Sainte Trinité en nous : « don de Dieu, inhérent à l’âme, qui la rend participante à la nature Divine, et l’élève à un état surnaturel et Divin ». Infiniment supérieur à la présence de Dieu par Son immensité. C’est déjà un Ciel anticipé, car nous avons l’héritage dont nous jouirons dans la gloire. Nous sommes le temple du Saint- Esprit : nécessité donc d’écarter le péché, de cultiver le recueillement, d’offrir l’holocauste de notre volonté.

 Elle est une qualité Divine qui, comme une greffe Divine entée sur notre être naturel, rend l’âme semblable à Dieu ; c’est donc une régénération, une nouvelle naissance, qui agit sur la substance même de l’âme.
 Elle est principe de vie Divine et nous donne un titre à la Béatitude.
 Grâce dit gratuit (on ne peut y prétendre), rend agréable à Dieu en donnant une beauté spéciale à l’âme.


Vertus infuses
(théologales et morales)

Elles agissent non sur la substance de l’âme, mais sur ses facultés (intelligence et volonté) pour infuser puissance et aptitude d’agir surnaturellement et Divinement ; elles sont principe d’activité et d’opérations Divines. Elles sont méritoires en justice : accroissement de Grâce Sanctifiante et de gloire pour le Ciel.


Dons du Saint-Esprit

Dispositions, inclinations qui prédisposent l’âme en la rendant plus souple, docile à correspondre aux grâces ; donnent la facilité d’agir surnaturellement et même héroïquement. Les grâces actuelles ne sont qu’un secours passager, lumière, impulsion.


Les effets de la vie surnaturelle : relations avec Dieu le Père

Il fait de nous Ses fils, sur le modèle de Jésus-Christ et en union avec Lui. Ce n’est pas une paternité de génération (filiation réelle), mais une paternité d’adoption (filiation d’adoption) que la grâce transforme en une filiation véritable, avec une participation limitée mais perfectible ici bas à la nature Divine ; nous devenons déiformes, ressemblants à Dieu par une réelle participation à la nature de Dieu. Il faut donc beaucoup estimer et respecter sa grâce baptismale (« Homme, souviens-toi de ta dignité » Saint Léon à Noël). Le but : la plus exacte conformité possible avec Jésus-Christ, Dieu fait homme pour servir de modèles aux hommes.

« Il nous élève, du fumier de notre misère, jusqu’au rang d’amis, de familiers, de princes de Sa cour céleste » (Ps 112). Nous ne sommes plus Ses serviteurs mais Ses amis.
 « Voyez quel amour le Père a pour nous, de vouloir qu’on nous appelle enfants de Dieu (adoption), et que nous le soyons en effet (filiation réelle) » (1 Jn, III, 2).


Relations avec Dieu le Fils

Il devient notre frère, l’époux de notre âme, le chef d’un corps mystique dont nous sommes les membres. « Allez à Mes frères, et dites-leur : Je monte vers Mon Père et votre Père ; vers Mon Dieu et votre Dieu » (Jn XX, 17, à Ste M Madeleine). L’union de Jésus- Christ avec l’âme en état de grâce est comme un véritable mariage, commencé par la grâce, et consommé par la gloire.

Jésus nous aime d’un amour immense, et donne à son épouse un triple don (Il est l’époux des âmes) :

son nom de chrétien et son titre à la filiation Divine,
 ses biens (mérites et grâces),
 la jouissance de Sa Personne Divine (grâce sanctifiante et vision béatifique).

Nous sommes incorporés au Christ. Toutes les âmes justes ne forment avec Lui qu’un seul corps. Le Christ est la tête, le Saint-Esprit l’âme, et notre incorporation s’effectue par le Baptême, s’affermit par la Confirmation, se consomme et se perfectionne par la Sainte Eucharistie : « Tous les fidèles, après s’être nourri du même Pain, ne font qu’un même corps ».

Jésus-Christ est l’exemplaire vivant de notre vie surnaturelle, sa cause méritoire comme Rédempteur, médiateur et avocat : « Si je vis, ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi » (Gal II, 20). Le mystère de la grâce sanctifiante est une extension du mystère de l’Incarnation : « Nous achevons en notre corps ce qui manque aux souffrances du Christ » (Col I, 24). L’Église est donc la plénitude du Christ (Saint Paul). C’est pourquoi toute œuvre surnaturelle est un accroissement du Christ.


Relations avec Dieu le Saint-Esprit

Il devient en nous l’âme de notre vie Divine, le lien substantiel qui nous unit au Christ comme à notre chef. C’est au Saint-Esprit qu’est attribuée l’œuvre de notre sanctification : « la charité de Dieu a été répandue dans nos cœurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné » (Rom V, 5).

 Ne pas contrister le Saint-Esprit par le péché véniel ou par la négligence à correspondre à Ses grâces.
 Ne jamais l’éteindre en nous par le péché mortel.


Relations avec Marie, Mère de Dieu

Mère du Christ, elle est réellement notre mère. Elle est vraiment notre mère, puisque notre vie surnaturelle, véritable vie, nous vient de Dieu par elle.

 Unir Notre Dame au Saint-Esprit : « C’est avec Marie, en Marie, de Marie que l’Esprit-Saint a formé le Christ, chef de tous les prédestinés » (St LMG de Montfort).
 Notre régénération à la vie Divine est don de Dieu le Père qui nous donne Son Fils par le mystère de l’Incarnation : la Maternité spirituelle de Marie est inaugurée par l’Incarnation. Elle y donne son consentement par le Fiat : maternité de nature (maternité Divine) + maternité de grâce (maternité spirituelle).
 C’est aussi le don de Dieu le Fils qui par la Rédemption nous rouvre les sources de la vie surnaturelle : la maternité spirituelle de Marie est achevée de droit sur le Calvaire. « Ecce mater tua ». Nouvelle Eve / nouvel Adam. Marie est Corédemptrice, Médiatrice de toutes grâces « trésorière, canal, dispensatrice de toutes les grâces ».
 C’est le don du Saint-Esprit qui nous applique les fruits de la Rédemption en effusions de vie surnaturelle. La Maternité spirituelle de Marie est réalisée de fait dans l’œuvre de la sanctification. Il nous faut reproduire la piété filiale de Jésus pour Sa Mère. « Ayant été conçus par Marie, nous devons naître de Marie, et être formés par Marie à la ressemblance de Jésus-Christ, afin que nous soyons avec Jésus-Christ comme d’autres Jésus, fils de Marie » (Père Chaminade, fondateur de la Société de Marie).


Les lois du développement de la vie surnaturelle

Une vie naturelle droite et honnête est la base nécessaire de la vie surnaturelle qui en sera son couronnement. La grâce ne détruit pas la nature, mais la perfectionne. La grâce, entée sur notre nature humaine, devient pour notre âme un principe de vie Divine, et infuse dans nos facultés naturelles la puissance de produire des actes surnaturels, dont par nos seules forces naturelles, nous serions absolument incapables.
Comme la vie naturelle, la vie surnaturelle a une famille, une naissance (Baptême), un affermissement (Confirmation), une nourriture, une respiration (prière), une lumière (foi), une activité (l’exercice des vertus), une éducation, des ennemis, des défaillances, un médecin, des remèdes, une mort ; mais en plus, elle a une résurrection (Pénitence). Elle doit aussi croître (sanctification personnelle) et se multiplier (apostolat).

« Si quelqu’un ne renaît de l’eau et de l’esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu » (Jn III, 5).
 « Si quelqu’un de demeure pas en Moi, il est jeté dehors » (Jn XV, 5).
 Celui qui n’a pas la robe nuptiale est jeté dans les ténèbres extérieures (Mat XXII, 11).
Celui qui n’a pas la charité n’est rien (1 Cor 13).

Cette vie surnaturelle est indispensable, et nous avons trois moyens pour la faire croître.

Les œuvres méritoires : tout acte bon (un acte est d’autant plus parfait qu’il relève d’une vertu plus élevée, comme la charité, ou qu’il renferme l’exercice de plusieurs vertus à la fois), fait en état de grâce. 

Les Sacrements : ils confèrent la grâce sanctifiante (ou son accroissement), et le droit à des grâces actuelles spéciales. Le plus puissant pour accroître la vie surnaturelle est la Sainte Eucharistie, qui donne une union spéciale avec Jésus-Christ (« celui qui mange Ma chair demeure en Moi et Moi en lui » – Jn VI, 56), remet les péchés véniels, affaiblit la concupiscence, infuse et augmente la grâce, donne droit à des grâces actuelles, augmente la ferveur de la charité (la Communion est donc le plus puissant moyen de perfection, l’échelle mystique par laquelle on s’élève à la plus sublime perfection), représente un gage de résurrection glorieuse.

 La prière : constitue une œuvre méritoire et nous obtient les grâces actuelles. Nous ne pouvons nous sauver que par la grâce, mais nous ne pouvons obtenir la grâce que par la prière.


Les obstacles à l’accroissement de la vie surnaturelle.

Le péché mortel détruit la grâce, expulse la Sainte Trinité ; de divinement belle, l’âme devient d’une laideur infernale ; héritière du Ciel, elle devient l’esclave du démon, détruit tous les mérites, rendue incapable de faire aucune œuvre méritoire, mérite l’enfer.

Le péché véniel délibéré : reste un mal infini, même si facilement pardonnable, car entrave l’homme dans la possession parfaite du Bien infini. Il ternit l’éclat de la beauté Divine de l’âme, affaiblit la charité active, ôte les élans de générosité, rend gênant le joug du Seigneur, émousse la délicatesse de conscience, conduit à la tiédeur et au péché mortel.

La tiédeur : causée par l’attachement aux choses créées et par l’oubli pratique des choses de Dieu, conduit à l’acédie, et peut se repérer par les signes suivants :

 omission habituelle et volontaire de ses petits devoirs ;
 négligence à se corriger de ses défauts ;
 répugnance mal combattue à tout ce qui contriste la nature ;
 dégoût secret de son état ;
amour de la dissipation.

La tiédeur est catastrophique pour une âme qui aspire à la sainteté, car elle détruit le désir de tendre à la perfection. Elle cause le relâchement de la discipline : « c’est un commencement de réprobation. Ne soyons pas Catholiques à demi : de tels chrétiens finissent par ne plus l’être. Il n’entre au Ciel que les justes ; mais juste est synonyme de saint ». » (Père Chaminade).

« Coupe ce figuier ; pourquoi occupe-t-il inutilement le terrain » (Lc XIII, 7 ; Mat XXI, 18).
 « Tout sarment qui en Moi ne porte pas de fruit sera retranché » (Jn XV, 2).
 « Parce que tu es tiède, et que tu es ni froid, ni chaud, je vais te vomir de Ma bouche » (Apoc III, 16).
Le serviteur et le talent (Mat XXV, 30), les vierges folles (Mat XXV, 12).

Les fautes de surprise et de fragilité : ils entravent peu l’accroissement de la vie de la grâce, mais peuvent aider en nous humiliant.

Les imperfections : actes contraires, non à un précepte Divin, mais à Son bon plaisir (omission d’une visite au Très Saint Sacrement). Ce sont plus des péchés véniels par omission. Si elles sont de propos délibéré, elles sont une résistance à la grâce et prédispose au péché véniel (cf indélicatesse entre époux).

Les penchants vicieux, les défauts naturels, le défaut dominant : ce sont les conséquences du péché originel, par les trois concupiscences. Les défauts, opposés aux qualités naturelles, viennent surtout du tempérament ; les vices, opposés aux vertus, sont une perversion de la volonté résultant de l’habitude du péché.
Le défaut dominant vient en grande partie du tempérament. Non combattu, il peut vicier toutes nos bonnes actions. C’est au contraire un moyen très efficace de perfection de lutter contre ce défaut dominant : « pour une âme courageuse, connaître son défaut dominant est déjà la moitié de la victoire » (Père Faber). Si l’homme a des yeux de taupes pour voir ses propres défauts, il a des yeux de lynx pour voir les défauts d’autrui.
Importance de l’examen particulier et de la lutte contre les tentations sous apparence de bien (cf règles de discernement de Saint Ignace). Nous, sans Dieu, nous ne pouvons rien, mais Dieu, sans nous, ne fera rien ! Les grâces Divines ne deviennent efficaces que dans la mesure où nous y coopérons. Importance aussi de la direction spirituelle (humilité qui donne la paix si ouverture franche et entière, et humble obéissance).

La consommation de la vie surnaturelle : le Ciel
La grâce, c’est la gloire en préparation, en germe ; la gloire, c’est l’épanouissement de la grâce qui est une aptitude Divine à participer un jour à la béatitude ; voir les privilèges des corps glorieux : clarté, impassibilité, agilité (aussi rapide que la pensée), subtilité (peut traverser les obstacles). Le degré de gloire dépend du degré final de grâce sanctifiante: « Il y a des demeures multiples dans la maison de mon Père » (Jn XIV, 2), mais chacun jouira pleinement de Dieu selon sa capacité, trouvant son bonheur à vouloir pour soi ce que Dieu aura voulu dans Sa sagesse.

La félicité essentielle est la vision béatifique, ou lumière de gloire : « nous serons semblables à Dieu, capables de Le voir tel qu’Il est, face à face » (1 Jn, III, 2 – 1 Cor, XIII, 12). Ce sera une vision, ou connaissance intuitive de Dieu, d’où amour et jouissance du Bien infini.

La félicité accessoire : pleine satisfaction de toutes les nobles aspirations de notre être glorifié, âme et corps. « L’œil de l’homme n’a point vu, son oreille n’a point entendu, son coeur n’a point goûté ce que Dieu a préparé à ceux qui L’aiment » (1 Cor, II, 9).

 Dans l’âme : l’intelligence connaîtra toute vérité et contemplera toutes les merveilles naturelles et surnaturelles ; le coeur jouira de l’ineffable société du Christ ; la volonté jouira en Dieu de tout bien possible et désirable ;
Dans le corps : nos sens seront pour nous une source de jouissances ineffables.

II : L’exercice négatif de l’activité surnaturelle : le renoncement chrétien ou combat spirituel

La lutte contre le péché, ou la résistance aux tentations

Il faut un travail incessant de renoncement pour nous affranchir du péché, et nous amener à une délicatesse et pureté de conscience toujours plus grande, condition fondamentale d’une union toujours plus parfaite avec Dieu : « Bienheureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu » (Mat V, 8); « le plus important, c’est la conversion du coeur – je suis convaincu que le péché est l’unique vrai mal » (Luce Quenette).

Il y a quatre vertus de préparation, pour épurer et extirper le péché de notre vie, en immolant le vieil homme :

1. Les cinq silences, pour nous soustraire à l’empire des créatures et nous rendre maîtres de nous-mêmes et nous retirer de ce qui se passe :

 de la parole : « ne parler que lorsqu’on le veut, et ne le vouloir que lorsqu’il le faut » ;
 des signes : manifestation extérieure des sentiments : produit la modestie ;
 de l’esprit (pensées et préoccupations) ;
 des passions (dirigées par raison et foi) ;
 de l’imagination (la folle du logis redevient servante de la raison et de la foi).

2. Le recueillement, pour concentrer notre attention sur Dieu et sur le travail capital de notre sanctification, pour nous unir à Dieu notre fin.

3. L’obéissance, pour nous livrer à la direction intérieure et extérieure.

4. Le support des mortifications, pour mortifier sa volonté propre avec résignation (degré inférieur), puis empressement et joie (degré supérieur). Cela conduit à la vraie abnégation, la docilité, l’humilité et la charité.

La tentation est une sollicitation au péché. Peut être de séduction ou d’épreuve. Dieu permet la tentation, mais ne nous sollicite jamais directement au péché. Il ne permet jamais que nous soyons tentés au-delà de nos forces (1 Cor X, 13), et peut toujours tirer d’un mal un plus grand bien.
On peut y distinguer trois éléments dans la tentation: suggestion, délectation, consentement. Trois sources :

 La chair : c’est la nature viciée, le vieil homme, la triple concupiscence : « la chair convoite contre l’esprit, et l’esprit contre la chair » (Gal V, 17 – Imit III, 54).
 Le monde : ce sont les pécheurs, leurs scandales et les instruments de l’enfer (presse, modes …). C’est « Satan humanisé » pour nous perdre (Mgr Gay).
 Le démon : ennemi des hommes par haine contre Dieu, envie contre l’homme et ambition personnelle. Il est dangereux car comprend les choses par intuition, mais il ne peut rien contre nous sans la permission de Dieu (cf Job). « Le démon, votre ennemi, rôde autour de vous comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer » (1 Pet V, 8). C’est le prince de ce monde, le père du mensonge, le dieu de ce siècle.

Les avantages de la tentation :

Elle contribue à la gloire de Dieu, en faisant éclater les perfections et la toute puissance de Dieu.
 Elle contribue au bien de nos âmes, en nous fournissant l’occasion de sentir notre faiblesse et de nous humilier, de fortifier notre volonté, d’accroître nos mérites et notre gloire éternelle, et d’acquérir de l’expérience.

Les moyens de combattre : résistance prompte, calme, humble et confiante, persévérante :

la vigilance (pratique des examens),
 la prière, surtout l’oraison (« Si Dieu est avec nous, qui sera contre nous » – Rom VIII, 31),
 la résistance offensive (pour se défaire de certains vices spirituels comme la paresse), défensive ( à condition de ne pas dialoguer avec le démon, de recourir de suite à Dieu et Marie, de s’en ouvrir au directeur spirituel, de faire pénitence : « ce genre de démon ne se chasse que par le jeûne et la prière »), ou même la fuite (pour éviter les occasions surtout contre la chasteté, pour faire diversion).

Si l’on a succombé, se relever par les Sacrements, la pénitence, l’examen, en se méfiant du découragement et de la tristesse, ennemis les plus dangereux de la vie spirituelle.

La lutte contre les causes extérieures au péché : le renoncement au monde
La perversité et les dangers du monde : à force de vivre dans une poubelle, on finit par sentir mauvais. Ce sont les deux cités de Saint Augustin, et NSJC a maudit le monde à cause de ses scandales (Mat XVIII, 7), l’a exclu de Ses prières (Jn XVII, 9), le déclare incapable de recevoir Son Esprit (Jn XIV, 17), déclare vouloir le combattre et le vaincre ( Jn XVI, 33). Obligation de se séparer du monde : les deux étendards (« Nul ne peut servir deux maîtres »).

« Vous n’êtes pas de ce monde, c’est pourquoi le monde vous hait » (Jn XV, 19) ;
 « Mes disciples ne sont pas du monde, comme Moi-même Je ne suis pas du monde » (Jn XVII, 13) ;
 « Le monde m’est crucifié et je suis crucifié au monde » (Gal VI, 14) ;
 « Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui » (1 Jn II, 15).

Obligation encore plus stricte pour les religieux (la profession religieuse est essentiellement une mort, et les Pères considéraient l’entrée dans la vie religieuse comme une mort civile), les tertiaires et anciens retraitants, et même tous les Catholiques de tradition. Les laïcs, pour devenir saints et être vraiment des apôtres, doivent avoir au moins l’esprit des trois vœux (surtout celui de pauvreté), c’est à dire l’esprit des conseils évangéliques : la racine en est l’esprit d’oraison et une véritable dévotion à Notre Dame.

 « Nul n’aura quitté … ses enfants à cause du Royaume de Dieu, qu’il ne reçoive beaucoup plus en ce temps même, et, dans le siècle à venir, la vie éternelle » (Lc XVIII, 30).
 « Celui qui aime son père ou sa mère plus que Moi n’est pas digne de Moi » (Mat X, 35).
 « Si quelqu’un vient à Moi et ne hait pas son père et sa mère, et même sa propre vie, il ne peut être Mon disciple » (Lc XIV, 26).
 Voir aussi le jeune homme riche (Mat XIX, 21) et Lc IX, 59 « Laisse les morts ensevelir les morts ». Ne pas regarder en arrière.

La lutte contre les causes intérieures de péché : le renoncement à soi-même ou mortification
La mortification en général : a pour but de réprimer, et même de faire mourir (mortification = mortis facere) le vieil homme, c’est à dire la nature en ce qu’elle a de vicié par la suite du péché originel. C’est l’esprit de pénitence qui s’unit au sacrifice de Notre Seigneur sur la Croix. C’est en fait une vivification qui permet à l’homme nouveau de grandir en nous et d’atteindre son plein développement : ce n’est donc pas une fin, mais un moyen qui nous permet d’atteindre une vie supérieure : la vie Divine du Christ. On renonce aux richesses qui passent pour s’attacher au seul vrai bien.

 La mortification intérieure est la plus importante car elle atteint immédiatement le fond de notre âme pour la dégager du péché et lui permettre d’adhérer à Dieu, sa fin dernière (c’est une fin).
 La mortification extérieure : la mortification intérieure en est le principe. Sans elle, elle n’est que pharisaïsme. Elle est cependant indispensable, car on ne peut maîtriser l’âme et ses facultés sans maîtriser d’abord les sens.

La mortification est indispensable, loi fondamentale à notre titre d’homme, de chrétiens, de religieux. L’abnégation de soi-même est le pivot autour duquel tourne toute la vie religieuse ; chaque Catholique doit être un autre crucifix. La mortification féconde tout l’apostolat et toute forme de ferveur : c’est le renoncement chrétien et l’abnégation par l’accomplissement du devoir d’état.

 « Si quelqu’un veut être Mon disciple, qu’il renonce à soi-même, qu’il prenne sa Croix, et qu’il Me suive » (Mat XVI, 24).
 « Si le grain ne meurt, il ne portera pas de fruit. Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie en ce monde la conservera pour la vie éternelle » (Jn XII, 24). « Celui qui ne hait pas sa propre vie n’est pas digne de Moi » (Lc XIV, 26).
 « Si vous ne faites pas pénitence, vous périrez tous » (Lc XIII, 5).
 « Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Celui qui ne prend pas sa Croix pour Me suivre n’est pas digne de Moi » (Mat X, 34, 38).
 « Tous ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié leur chair avec ses passions et ses convoitises » (Gal V, 24).
 « Je châtie mon corps et je le réduis en servitude, de peur qu’après avoir prêché aux autres, je ne sois moi-même réprouvé » (1 Cor, IX, 27). Il nous faut achever ce qui manque à la Passion du Christ.

La mortification est le grand remède contre le péché, en enlevant sa tache, luttant contre les inclinations mauvaises, et réparant une partie de la dette du péché. Elle trempe la volonté, et représente une condition fondamentale pour avancer dans la sainteté. Toute âme de valeur rend le son du sacrifice au toucher !

Mortifications voulues par Dieu : le devoir d’état (volonté manifestée).
 Mortifications permises par Dieu : la Providence qui correspond à la volonté de bon plaisir de Dieu : « un coup parti de la main de Dieu vaut mieux que mille pénitences volontaires » (Père Faber). Exemple : la maladie.
 Mortifications volontaires : par libre choix. « La haine de soi, c’est l’envers de l’amour de Dieu » (Mgr Gay). Cf les deux amours et les deux cités de Saint Augustin. « Dieu aime celui qui donne avec joie » (2 Cor, IX, 7). De la discrétion dans les pénitences physiques.

La mortification extérieure : les sens sont autant d’instruments dont entend disposer le vieil homme pour pécher.

Mortification de la langue, ou silence : ne parler que quand et comme il faut. La langue est « un monde d’iniquités, un feu destructeur allumé au feu de l’enfer » (Jac III) ; il faudra rendre compte de toutes les paroles inutiles (Mat XII, 36). « Si quelqu’un croit être religieux et ne met pas un frein à sa langue, sa religion est vaine » (Jac I, 26). Celui qui garde sa bouche garde son âme, gouverne son navire par le gouvernail, ou mène son étalon par le mors (Jac III, 2). On peut juger le niveau de vie religieuse d’une communauté par la manière dont le silence y est observé.

Mortification par la garde des sens, ou modestie : c’est la porte fermée ou ouverte à la plupart des tentations.

Toucher : rejeter toute liberté déplacée, caresses et attouchement sensuels, jeux de main.
 Goût : la table tue plus de gens que la peste, le choléra et la guerre réunis. Mortification de la gourmandise. Ne pas manger entre les repas, s’imposer une pénitence journalière, cacher ses goûts personnels, ne jamais quitter la table avec une sensation de trop plein.
 Vue : pour éviter la dissipation, éviter les spectacles vains et inutiles, se priver parfois des spectacles honnêtes. Modestie par la retenue des yeux. Modestie et pudeur, surtout chez les enfants et les jeunes filles ; politesse et courtoisie. Vivre dans la présence de Dieu.
 Ouïe : la musique.
 Odorat : parfum, tabac.

La mortification intérieure : Mortifier l’imagination, attention aux rêveries qui vont troubler l’âme, faussent le jugement et asservissent la volonté (attention aux romans, bandes dessinées, vidéos, télévision et Internet). Silence des passions : toutes les passions se ramènent à l’amour ou à la haine.

Certaines passions peuvent être bonnes, indifférentes ou mauvaises. Il faut les domestiquer, non pas les anéantir (nirvana). Les grandes passions ont fait les grands Saints. Rôle de l’éducation pour faire taire certaines passions (silence des passions). Mauvaises herbes dans le jardin à arracher tout de suite. Trouver sa passion dominante.

 Mortification de l’intelligence : tout soumettre à notre foi, lutte contre l’ignorance, la vaine curiosité, la légèreté d’esprit, l’esprit collégien, la précipitation, l’indécision, l’entêtement. Importance de l’étude (attention aux pertes de temps, aux études dangereuses).
Mortification de la volonté : volonté propre, faiblesse et inconstance de la volonté. Cette mortification est la forme la plus parfaite de l’abnégation, du renoncement à soi-même. Il faut aussi mortifier l’imagination. Pratiquer la sainte indifférence. Lutte contre le scrupule. Accepter chrétiennement la mort devient un acte de charité parfaite : « un serviteur de Marie ne saurait périr ». Importance de la joie, naturelle et surnaturelle. Chercher le Dieu des consolations, pas les consolations du Bon Dieu ! Saint Paul surabondait de joie au milieu de ses tribulations. La tristesse est la maladie de Babylone (St François d’Assise). « Ubi crux, ibi pax ». Le demi-chrétien est toujours inquiet, mécontent, triste. Un saint triste est un triste saint. Tout tourne à notre plus grand bien si nous aimons Dieu. Marie, cause de notre joie.


III : L’exercice positif de l’activité surnaturelle : la pratique des vertus

Les vertus théologales

C’est l’imitation de Jésus-Christ par l’exercice de la foi, de l’espérance et de la charité. Comment Jésus aurait-Il pensé, jugé, aimé, agi en cette circonstance ?

 « Je vous ai donné l’exemple, afin que, comme J’ai fait, vous fassiez aussi vous-mêmes » (Jn XIII, 15).
 « Je suis la voie, la vérité et la vie » (Jn XIV, 6).
 « Ceux que Dieu a connus d’avance, ils les a prédestinés à être conformes à l’image de Son Fils » (Rom VIII, 29).

La foi : par elle, notre intelligence voit Dieu, se révélant à nous comme notre fin surnaturelle. On peut connaître par la science (lumière humaine) ou par la foi (lumière Divine). La foi est une vertu théologale infuse qui nous porte à croire fermement, à cause de la véracité Divine, tout ce que Dieu nous a révélé et propose à notre croyance par le ministère de l’Église. Il faut le concours de la grâce de Dieu, et des motifs de crédibilité (la révélation). Il y a trois degrés de la foi :

 La foi de l’esprit : c’est la foi spéculative : adhésion de l’esprit aux vérités révélées (foi informe).
 La foi du coeur : c’est la foi pratique : adhésion du coeur et de la volonté par la vertu de charité.
 L’esprit de foi : vivre habituellement sous le regard de Dieu : « Ceux qui sont conduits par l’esprit de Dieu sont fils de Dieu » (Rom VIII, 14). Nécessaire pour vaincre péchés 109 et tentations, pour pratiquer la vertu : « La victoire qui a vaincu le monde, c’est notre foi » (I Jn, V, 4).

La foi est la condition fondamentale de toute vie surnaturelle, la racine de la justification : « Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu » (Heb XI, 6). L’homme devient chrétien par la foi ; le chrétien devient parfait par l’esprit de foi (cf Abraham et Notre Dame). « Tout est possible à celui qui croit » (Mc IX, 22). « On a autant de vertu qu’on a de foi » (P. Passerat).
Il nous faut épurer, faire croître et vivre sa foi, par l’étude, la prière et les Sacrements. La foi ne peut contredire la raison, mais elle est au contraire souverainement raisonnable et perfectionne la raison. « Ne cherchez pas à comprendre pour croire, mais croyez pour arriver à comprendre » (St Augustin).

L’espérance : C’est une vertu théologale infuse qui nous porte à attendre, avec une ferme assurance, l’éternelle béatitude du Ciel et les moyens nécessaires pour y arriver. Notre volonté tend vers Dieu, comme vers le bien suprême et la béatitude infinie.
L’espérance doit être inébranlable, accompagnée d’une grande défiance de nous-mêmes, laborieuse (active en nous efforçant de nous arracher aux jouissances terrestres). On arrive à la confiance (abandon filial) par l’esprit des trois vœux, qui est l’espérance chrétienne rendue parfaite par la charité. « Tout tourne au bien de ceux qui aiment Dieu », même les péchés ! « Nous pouvons tout en celui qui nous fortifie » (Phil IV, 13).

La charité : notre volonté atteint Dieu et s’unit à Lui, d’une manière imparfaite ici-bas par la grâce, d’une manière parfaite au Ciel par la vision béatifique. C’est une vertu théologale infuse qui nous incline à aimer Dieu par-dessus toutes choses pour Lui-même, et à aimer le prochain comme nous-mêmes par amour pour Dieu. C’est une amitié qui suppose la réciprocité. « Dieu nous a aimés le premier d’un amour éternel » (1 Jn IV, 10). « Il m’a aimé et S’est livré pour moi » (Gal II, 20). « Dieu est charité » (1 Jn IV, 16). Cf la devise de Monseigneur Lefebvre : « Credidimus caritati ».

Cet amour doit se manifester par :

 Un amour de convoitise : c’est le désir de posséder Dieu : « Vous nous avez faits pour Vous, Seigneur, et notre coeur ne trouve de repos qu’en Vous » (St Augustin). Notre amour pour Lui doit être souverain, car nous devons L’aimer par-dessus toutes choses.
 Un amour de complaisance : nous complaire dans les infinies perfections de Dieu, pour L’aimer pour Lui-même, indépendamment de l’intérêt surnaturel que nous trouvons en Lui.
 Un amour de bienveillance : vouloir à Dieu tout le bien possible, nous livrant à Lui pour Lui procurer la plus grande gloire possible.

La charité est la reine des vertus (car elle peut s’identifier à la grâce sanctifiante), et l’emporte sur toutes les autres vertus :

par sa nature propre (elle nous unit directement à Dieu, notre fin dernière),
 par son influence sur les autres vertus,
par son rôle prépondérant dans tout l’ordre surnaturel, car elle justifie l’homme « Beaucoup de péchés lui seront pardonnés parce qu’elle a beaucoup aimé » (Lc VII, 47), elle rend méritoire les moindres actions, elle fortifie l’âme dans la pratique du bien (tout est facile et doux à celui qui aime) et procure à Dieu la gloire qu’Il s’est proposée comme fin de Ses œuvres extérieures.

Toute la perfection du Catholique consiste dans la perfection de l’amour de Dieu : l’exercice de la vie intérieure est donc le noviciat du Paradis, l’apprentissage de l’éternité bienheureuse, le commencement de la vie éternelle. Cette charité doit se traduire par la lutte contre le péché et par des actes d’amour effectifs : « Ce ne sont pas ceux qui Me disent Seigneur, Seigneur… » (Mat VII, 21) ; « Si vous M’aimez, gardez Mes Commandements. Celui qui M’aime gardera Ma parole, et Mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, et Nous ferons notre demeure en lui » (Jn XIV, 15, 23). « L’amour de Dieu consiste à garder Ses Commandements » (1 Jn, V, 3). Il faut voir d’abord ses propres fautes avant de voir celles du prochain. En tout, voir Dieu en Sa trace, image, ressemblance, grâce ou même gloire. « Donnez et l’on vous donnera. Quand il faudra mesurer pour vous, on se servira de la même mesure avec laquelle vous aurez mesuré » (Mat VII, 2).

La conformité à la volonté de Dieu doit être :

 une conformité d’action par l’obéissance filiale ;
 une conformité d’acceptation par une filiale soumission, car rien n’arrive sans la permission Divine : « Pas un cheveu ne tombe de notre tête sans la permission de notre Père qui est dans les Cieux » (Mat X, 29). « Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rom VIII, 28). Il faut accepter la volonté de bon plaisir de Dieu avec résignation, plein acquiescement, reconnaissance et joie.

Les vertus morales

Importance de la vraie dévotion à Notre Dame qui doit se traduire par une véritable piété filiale. Cela nous permettra une parfaite conformité à la volonté Divine, l’humilité (contre l’orgueil, l’estime déréglée de nous-mêmes et la recherche déréglée de l’estime d’autrui ; l’humilité chrétienne est nécessaire en vérité pour nous montrer à la lumière de Dieu ce que nous sommes, et en justice pour nous rendre ce qui nous revient) et la confiance d’un enfant de Marie. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » (1 Cor IV, 7) ; « Dieu résiste aux superbes et donne Sa grâce aux humbles » (Prov III, 34). « Si vous ne devenez comme un petit enfant » (Mat XVIII, 3) ; les invités au festin, le discours après la Cène. Le signe de l’humilité : la défiance envers soi-même. On peut pratiquer l’humilité avec résignation (degré obligatoire) ou avec reconnaissance et joie (degré de perfection). Le complément de l’humilité est la simplicité.

Le zèle missionnaire et apostolique, au niveau de la prière, du sacrifice et de l’action. « Si le grain ne meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn XII, 24). Il doit être basé sur une vie intérieure profonde : « Celui qui demeure en Moi et en qui Je demeure porte beaucoup de fruits » (Jn XV, 5). « Sans Moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn XV, 5). L’esprit intérieur permet une grande fécondité apostolique et nous préserve de la contagion du monde.  


  

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